Helen Juren, Les grandes traversées 2020 (©Tilpi / Hel’Jur)

Helen Juren, Les grandes tra­ver­sées 2020 (©Til­pi /​Hel’Jur)

21 Mars 2021, album de Juren Helen sor­ti en novembre 2020 – * titre emprun­té au Fes­ti­val Des voix, des lieux… des mondes de Mois­sac, des « Terres des Confluences » et « Coteaux et plaines du pays Lafran­çai­sain » en Tarn & Garonne

Les grandes traversées

Avec 

Helen Juren (voix et choeurs – auteure-com­po­si­trice) Thier­ry Le Pol­lès (gui­tares, syn­thé, choeurs et co-com­po­si­teur) Fran­çois Col­lom­bon (per­cus­sions bat­te­rie, dar­bou­ka, kar­ka­bou, bodh­ran, cajon) Ben­ja­min Body (basse, contre­basse) Awe­na Bur­gess et San­drine Mon­le­zun ( chœurs) Cris­to­bal Cor­bel (gui­tare) Crys­tel Gal­li  (accor­déon) Jona­than Dour (vio­lon) Johanne Matha­ly (vio­lon­celle) Dra­mane Dem­bé­lé (flûte, Tama, n’goni) Ibra­him Kei­ta (kora)Gré­go­ry Dargent (oud) Ste­ven Moa­lic (glo­cken­spiel, sha­ker, syn­thé, clap hand) Tho­mas Verovs­ki (pia­no, syn­thé, sound design)


Nous décou­vrons l’album d’Helen Juren, Les Grandes Tra­ver­sées, son bou­quet colo­ré d’images, de textes et de sons, puis­sant hom­mage au métissage.

Au même moment, l’actualité musi­cale nous trans­porte sur les terres des confluences du Tarn et de la Garonne où la nou­velle poli­tique cultu­relle de la ville de Mois­sac cou­plée aux contraintes sani­taires de 2020 et aux orien­ta­tions de l’association « Mois­sac Culture Vibra­tions » mettent fin à 24 ans du Fes­ti­val des Voix, des lieux…des Mondes dans cette cité qui lui offrait un écrin unique et mil­lé­naire. Le fes­ti­val dans la tour­mente ne meurt pas, nous ras­sure-t-on, il fait un pas de côté en se dépla­çant sur les ter­ri­toires ruraux alen­tour et entend sur­tout gar­der ain­si le goût de sa dif­fé­rence et de l’universalité.

Alors, pour rendre hom­mage à ceux qui ont pré­si­dé à ces 24 années de ren­dez-vous colo­rés, à ceux qui reprennent le flam­beau, nous avons réuni dans un titre Helen Juren et ce festival…

Regar­dons ce bou­quet, cet éclat de cou­leurs qui auréolent le por­trait de l’artiste, jaune, bleu, vert, jaune, et tout l’habillage de rouge écla­tant, sa che­ve­lure brune, son regard direct et per­çant. L’ensemble n’est pas sans évo­quer cer­tains por­traits de Fri­da Kah­lo. L’image annonce cette diver­si­té des musiques du monde et la place qu’elle entend accor­der à sa voix de femme, « femme du temps », aux voix des femmes créa­trices de vie, déter­mi­nées, exigeantes.

Autour d’elle, de ses deux accom­pa­gna­teurs en scène, Thier­ry Le Pol­lès avec lequel elle com­pose (gui­tares, syn­thé) et Fran­çois Col­lom­bon (bat­te­rie, per­cus­sions…) s’est réunie une équipe de musi­ciens et chan­teurs qui trans­portent, cha­cun, cha­cune, leur uni­vers musi­cal. C’est ain­si qu’Helen Juren, elle-même d’origine fran­co-tchèque, sa voix claire et pro­fonde voya­geant dans une mul­ti­pli­ci­té de langues (outre ses langues ori­gi­nelles, zou­lou, turc, espa­gnol, wolof, kabyle…), en appelle aux gui­tares lati­nos, aux per­cus­sions afri­caines, à la flûte envou­tante, à l’oud, à la kora… à des chœurs de voix fémi­nines, poly­pho­nie des Bal­kans à l’Orient…

Fami­lière de la poé­sie qu’elle pra­tique assi­du­ment et qui lui vaut même de nom­breuses récom­penses, elle offre ici des textes à la fois dépouillés et pro­fon­dé­ment sen­sibles, vibrants d’humanité. Citons le pre­mier titre en espa­gnol, Fuku­shi­ma Tri­po­li, une série de ques­tions qui n’esquivent aucune dimen­sion, de la plus étroite inti­mi­té « A quelle heure tu vas m’aimer ? » à la dimen­sion spa­tiale la plus vaste, en s’arrêtant sur les pires fléaux, « A quelle heure pas­se­ra la vague ? /​A quelle heure tom­be­ra la bombe ? » Le ton est ain­si don­né, et les mots d’amour, la dou­ceur, la ten­dresse d’une gui­tare « Tu vois, les mots d’amour /​Je ne les jure pas à l’infini /​A toi je pré­fère dire /​Les mots d’un jour, d’un souffle /​Ou d’une nuit », le son de l’oud et la langue kabyle pour dire les doutes amou­reux, côtoient le ques­tion­ne­ment d’une femme entre deux mondes, Les grandes tra­ver­sées , avec son refrain en zou­lou, superbe hymne à la liber­té des femmes qui trouve son accom­plis­se­ment dans le chant Liber­té en 42 langues… Nous aimons la dimen­sion uni­ver­selle, intem­po­relle que revêt Au bord du fleuve, la voix par­lée, la voix de femme d’Afrique qui fait halte et s‘interroge sur ce qu’Andrée Che­did nomme Les sai­sons de pas­sage. Nous aimons le chant qui suit, Le fleuve, où se mélangent, wolof, Pulaar, Arabe, les per­cus­sions, la flûte pour dire « Je cherche le bon­heur ». Nous aimons La marche du soleil, cette voix de femme qui s’élève au début, envou­tante, en Turc, pour dire cette soif d’avancer tou­jours, quel qu’en soit le prix…. Et ce vio­lon qui l’escorte à la fin… Et c’est avec le texte La femme du temps, déesse d’où nous venons tous, avec cette voix seule, ensor­ce­lante, que s’achève cette tra­ver­sée dans les langues et les musiques du monde…

Des voix, des lieux, des mondes…