Pic d’Or 2016, Une journée entière dans les chansons (© droits réservés)

Pic d’Or 2016, Une jour­née entière dans les chan­sons (© droits réservés)

20 mai 2016 – Pic d’Or 2016 : Jour 1

Audi­tion des 26 can­di­dats, puis demi-finale et concert du Pic d’argent 2015, Bas­tien Lucas (cla­vier, pro­gram­ma­tion, chant) Tho­mas David (gui­tare)

Théâtre des Nouveautés (Tarbes)

Une jour­née entière à écou­ter des artistes qua­li­fiés d’auteurs, com­po­si­teurs, inter­prètes – mais sans doute si l’on y regarde de plus près, plus au moins auteurs, plus ou moins com­po­si­teurs – inter­prètes seuls ou accom­pa­gnés. Du solo au quin­tet… ce qui d’emblée fait une sacrée dif­fé­rence ! On vient ici, très au Sud, par­fois de très, très loin au prix (c’est le cas de le dire) de dépla­ce­ments com­pli­qués et oné­reux pour gagner une récom­pense, que l’on soit débu­tants (émer­gents dit-on) ou aguer­ris, ce qui pour­rait jus­ti­fier quelques réflexions sur la ligne direc­trice de cette sélection.

La sélec­tion qui s’opère – c’est l’exercice que l’on cau­tionne en s’inscrivant ! – a quelque chose de bru­tal pour ceux qui, pour une seule chan­son, auront fait des sacri­fices ou qui, après la demi-finale en fin de soi­rée, se retrou­ve­ront éli­mi­nés, gros Jean comme devant, sans héber­ge­ment pris en charge. On ne sau­rait trop conseiller aux can­di­dats, qui se comptent en amont par cen­taines, de bien réflé­chir à leur démarche quand ils s’inscrivent ! Être vu de cer­tains membres émi­nents du Jury ne suf­fit peut-être pas à jus­ti­fier une telle tra­ver­sée, qui peut prendre vite des allures de galère !

Bien enten­du ce pré­am­bule sou­ligne une fois encore que faire métier de chan­teur n’est pas une siné­cure. Pas bien nou­veau, direz-vous avec jus­tesse, mais l’équipe en charge de l’organisation gagne­rait en légi­ti­mi­té en essayant de limi­ter les dégâts pour les artistes éli­mi­nés an cours de route.

Tout ça pour une chanson

Les prix que l’on espère, les voi­ci : Pic d’Or : 3 000 euros – Pic d’Argent : 1 500 euros – Prix du texte : 800 euros – Prix de la musique : 800 euros – Prix du public : 400 euros – Prix Charles Cros de la créa­tion : sélec­tion pour les Chro­niques Lycéennes… et même de la com­mu­ni­ca­tion ou du coa­ching, voire un article dans le maga­zine Fran­co­Fans. On espère que le maga­zine, pré­sent dans le jury, rem­pli­ra de toutes les façons son rôle de témoin d’un évé­ne­ment qui a méri­té, au fil des décen­nies, sa noto­rié­té. C’est un point incon­tes­table et l’on ne peut que se réjouir de cette occa­sion offerte aux can­di­dats – mais aus­si et hâtons-nous de le sou­li­gner à nous tous, pré­sents – d’échanges, de ren­contres. L’intérêt n’est-il pas d’abord là ? Et quand le beau temps se met de la par­tie, c’est un régal !

Dès le début de la mati­née, le théâtre accueille le jury et quelques spec­ta­teurs clair­se­més dans des condi­tions assez frustres de pas­sage. Les tech­ni­ciens sur le pla­teau s’animent avec effi­ca­ci­té pour réduire le temps d’installation. Pour la demi-finale le pla­teau s’habillera de lumières.

Une chan­son et c’est tout pour convaincre ! On sait que sou­vent il n’est guère besoin de plus d’une minute pour entrer ou pas dans un uni­vers. C’est vrai ! N’empêche !… La ten­sion est pal­pable et cer­tains, même des plus expé­ri­men­tés, peuvent se trou­ver en dif­fi­cul­tés. On tousse, on se reprend…

Alors, alors comment ça s’est passé ?

Nous chro­ni­queurs, n’avons pas bou­dé notre plai­sir. On assiste à un cor­tège hété­ro­clite, bigar­ré, réjouis­sant. La chan­son est là, bien vivante et incroya­ble­ment inven­tive. Elle ne révo­lu­tionne pas les thèmes ou si rare­ment, l’amour reste le grand gagnant à ce jeu-là ! On se quitte, on s’espère, on se déteste, sur tous les tons, tous les registres.

On cite­ra pêle-mêle quelques très belles émo­tions fémi­nines (par­don, les gar­çons ! Caru­so, Mak­ja, Yepa… et même la folie des Whi­ties, ras­su­rez-vous on vous a aimés aus­si) : la nou­velle recrue de Jules Nec­tar, une cer­taine Milu, une fille de l’Est, qui der­rière ses machines et avec sa voix, donne un sacré pep’s au trio, la fra­gi­li­té de Clio dans son petit pull marine, Étienne Cham­pol­lion au pia­no toy à ses pieds pour accom­pa­gner Des équi­li­bristes – c’est beau comme une aqua­relle – Liz­zie et sa déli­cate voix de chan­teuse de fado dont on ne se lasse pas, le déli­cat accom­pa­gne­ment gui­tare, vio­lon­celle de la voix de Lau­rence, chan­teuse de L’ Affaire Capu­cine, trou­blante dans sa ges­tuelle, presque une danse, le sou­rire de Flow, la force de son chant, coup au cœur garan­ti, la déli­cate Liz Van Deuq qui en chan­teuse au pia­no entre­prend d’aller faire mordre la pous­sière à l’amour, la robe rose de Sarah Mikovs­ki pleine d’une fan­tai­sie sal­va­trice, Débo­rah Eli­na, longue jeune fille brune qui réus­sit à évo­quer les tout petits coups du fœtus dans son ventre… et bien sûr, bien sûr, l’ébouriffante, la bou­le­ver­sante pré­sence de Bar­ba­ra Wel­dens… celle qui dans la lignée d’une dame brune que cha­cun recon­naî­tra, chante : « ça fait peur mais j’lâche rien ! »

Bastien Lucas, ou l’Art de la scène

Cette longue jour­née dans les chan­sons à déni­cher la perle rare s’achève avec le concert de Bas­tien Lucas, Pic d’argent 2015. On peut regret­ter que ce point d’orgue de la jour­née ne soit pas par­ta­gé par le jury en train de délibérer.

Bas­tien Lucas der­rière son cla­vier rouge assor­ti à ses chaus­sures – à moins que ce ne soit l’inverse – accom­pa­gné par Tho­mas David, offre un bien agréable moment au pré­texte de nous don­ner des leçons sur l’art de la scène. Il nous fait lec­ture de quelques pré­ceptes bien sen­tis pré­ten­du­ment signés d’un cer­tain Fré­dé­ric Cho­pin, immé­dia­te­ment illus­trés par des chan­sons déli­ca­te­ment posées… chan­sons d’amour sou­vent mais en sub­tiles nuances, en mariage de mots comme ceux-ci : « Il fait froid mais au moins il le fait très bien »…

Les finalistes du Pic d’Or 2016 :

L’affaire Capu­cine – Caru­so – Liz Van Deuq – Yepa – Clio – Les Flow – Mak­ja – Debo­rah Eli­na – Bar­ba­ra Wel­dens – Sarah Mikovski.

Quelques liens -

Le site du Pic d’Or, c’est ici.
Mes autres articles et chro­niques sur les dif­fé­rentes édi­tions du Pic d’Or sont là !