Quand Astaffort s’invite – L’Usine à Musique – 2018 (© Reconnaissance Production)
29 novembre 2018, Reconnaissance Production présente
Quand Astaffort s’invite
Avec, par ordre de passage
Marc Dessolas, Guillo, Sylvain Reverte, Davy Kilembe, Sylvain Cazalbou
L’usine à Musique – (Toulouse)
« A chaque rencontre /C’est la vie qui se raconte /Et chaque seconde /Nous explique le monde ». C’est avec ces mots empruntés à la page du site de Sylvain Cazalbou rendant hommage à Astaffort, que l’on pourrait commencer. Juste pour rappeler que, depuis 1992, un petit coin du Sud, une cour de récréation transformée en « cour de création » a offert à quantité d’artistes un espace où tout devient soudainement possible. Astaffort, son centre des écritures de la chanson avec ses ateliers « Rencontres », « Répertoires », « Labos Chanson », continue d’accueillir, guider, former, avec la même foi, sans que jamais Francis Cabrel ne soit bien loin… Alors vous comprendrez que ces cinq là aient fini la soirée, tous réunis sur la scène de L’usine à Musique, autour de la formation de Sylvain Cazalbou, pour chanter l’une des plus vieilles chansons de leur mentor Les murs de poussière… 1977… On se met à fredonner irrésistiblement : « Il a fait tout le tour de la terre /Il a même demandé à Dieu /Il a fait tout l’amour de la terre /Il n’a pas trouvé mieux »…
Non, il n’a pas trouvé mieux que « son lopin de terre, son vieil arbre tordu au milieu »… Vous vous souvenez sûrement. Cette course d’homme en quête d’ailleurs… Au fond c’est un bout de cette histoire là que chacun, ce soir, va nous raconter. Chaque chanteur, à tour de rôle, en moins d’une demi-heure – parfois davantage pour les plus indisciplinés ou les plus bavards ! – confie sa part d’illusions, son regard sur la vie, sur le monde qu’il traverse, juste là au bout de ses pas ou bien au-delà de ses rêves. Chaque concert de Chanson c’est effectivement une rencontre, la vie qui se raconte…
Et pour être ici, sur cette scène, il a bien fallu qu’à un moment donné il y ait eu un petit coup de folie dans la vie de ces cinq là, comme dans celle de Sylvain Cazalbou qui évoque son histoire ainsi « marin embarqué, moniteur fédéral de plongée, rallye automobile »… sans que jamais la musique ne le quitte… C’est pour lui que la majeure partie du public s’est déplacée ce soir, dans ce lieu dédié aux musiques amplifiées, pour partager sa présence sans forfanterie, sa chaleur, ses textes à la sincérité confondante… et peut-être aussi les solos envoûtants de Jonathan, son guitariste.
Avant lui nous avons fait quelques autres traversées. Guillo, sa présence tranquille, sa chaleureuse humanité, ouvrant la soirée avec une chanson en parfaite harmonie avec celle de Francis Cabrel. « La terre, les racines… Sentir le vent et voir la mer… ». L’homme est en lien avec l’enfance et ses possibles, avec une humanité qui souffre. Nous admirons toujours son écriture subtile, ses points de vue originaux pour nous la signifier.
Marc Dessolas, lui, avec sa jeune insolence, trimbale en scène « [son] bordel, [son] bazar, [son] souk, [son] brouillard », son humour entre les chansons. Il cible ses travers, ses paradoxes où l’on se reconnaît indubitablement. Un moment franchement jubilatoire.
Sylvain Reverte, ses intonations, ses clins d’œil, son écriture subtile rappelle agréablement Souchon… ou Bashung. Avec son pianiste, les chansons – d’amour le plus souvent – n’ont rien de convenu. Il peut aussi nous découvrir un tempérament très Rock and Roll surtout s’il abandonne la guitare et se livre alors davantage. Nous aimons bien cette énergie là.
Enfin Davy Kilembé dévoile à peine les chansons qui seront sur son prochain album et dont nous avons déjà souligné la sensibilité et la diversité. En scène il se veut bon copain, chaleureux et joyeux. L’écriture réserve de belles surprises, des rencontres… Le Momo de l’adolescence et sa 4L, Souliman qui dessine pour se raconter, et même ce « petit noir » qu’il fut enfant et qui réclame sa pleine et entière citoyenneté.
La page de cette soirée s’est refermée très tard autour du bar. Les chaises sont reparties avec celui qui les avait amicalement fournies pour cette parenthèse dans un lieu où l’on écoute un concert debout, pour ces tranches de vie qui se racontent.