Festi’Scrib - David de Marnamaï, Baptiste Daleman et Émilie Marsh (© Claude Fèvre)

David, du groupe Mar­na­maï, Bap­tiste Dale­man et Émi­lie Marsh (© Claude Fèvre)

17 octobre 2015 – Festi’Scrib

4e édi­tion, orga­ni­sée par l’association La Voix du Scribe

Avec Miss Rosy, Mar­na­maï, Bap­tiste Dale­man et Émi­lie Marsh


Banat – Taras­con-sur-Ariège (09)

On doute, on est cha­grin sou­vent quand on parle Chan­son. Et pour­tant elle a de pré­cieux sou­tiens. Par­tout, tout le temps. Ce ren­dez-vous là n’est pas fait pour nous démentir.

Ici, au vil­lage de Banat en Ariège, aux portes de la Haute-Ariège, elle a trou­vé son égé­rie. Il en fau­drait beau­coup pour faire taire cette femme, mili­tante avant tout, pas­sion­née par tout ce qui peut rendre nos vies un peu moins injustes. Flo­rence Cor­tès, d’abord écri­vain public, mais aus­si édi­trice, pro­duc­trice à l’occasion (comme pour l’album de Bap­tiste Dale­man) n’est pas tota­le­ment incon­nue de ceux qui connaissent d’un peu près le Pic d’or à Tarbes, ou le fes­ti­val Décou­vrir à Concèze. Alors on ne sera pas éton­né non plus de trou­ver là, dans ce lieu impro­bable, igno­ré de la Chan­son tou­lou­saine si enga­gée pour­tant, Thier­ry Cadet et son insé­pa­rable camé­ra. On se prend à rêver que sur ce ter­ri­toire encore nom­mé Midi-Pyré­nées, ter­ri­toire de Détours de Chant, Pause Gui­tare, Alors Chante, Fes­ti­val de la Voix, Chan­tons sous les toits, café Plum, « Chez ta mère », le Bijou… on par­vienne un jour à ras­sem­bler les éner­gies et les idées aus­si ! Quel dom­mage que ce soit si dif­fi­cile de créer une syner­gie, de fédé­rer les initiatives !

Lais­sons un temps nos regrets pour regar­der d’un peu plus près ce qui se passe ici. Trois concerts sont pro­po­sés par Flo­rence Cor­tès et son asso­cia­tion, un soir où le XV de France s’apprête à vivre l’une de ses plus cui­santes défaites face à la Nou­velle-Zélande. En terre de Rug­by, c’est déjà un exploit – ou une folie ? – de ten­ter l’aventure d’un spec­tacle, quel qu’il soit !

Une jeune émule de Zaz – du moins on l’imagine – s’empare d’abord de la scène avec une bande enre­gis­trée, ce qui déjà nous rend dubi­ta­tif : Miss Rosy venue de Tarbes. Elle a déjà clip, album, pro­duits déri­vés… bien avant d’avoir appris vrai­ment à écrire une chan­son. Bien sûr, elle est tou­chante de sin­cé­ri­té, émou­vante aus­si. On devine la galère, les souf­frances de sa jeune vie. Mais on aime­rait lui expli­quer qu’il ne suf­fit pas de se dire « sen­sible, enga­gée, entière » pour deve­nir une artiste.

Le quar­tet pop-rock qui vient ensuite, Mar­na­maï, n’a pas fait grande route. Il est du cru. Et là, c’est fran­che­ment une belle décou­verte. On pour­rait bien revoir très vite ce tout jeune groupe autour de David son auteur-com­po­si­teur chan­teur. Un grand gars, au visage bru­ni des rivages de la Médi­ter­ra­née, bien qu’un peu trop fer­mé au public – excès de réserve, timi­di­té ? – offre des textes per­cu­tants, d’une voix pro­fonde qui n’est pas sans rap­pe­ler Ber­nard Lavilliers. On le sent déter­mi­né à ne pas faire dans la bluette, même à contre-cou­rant : « Je chante à contre­temps /​Je ne peux faire autre­ment ». Et lorsqu’il chante pour Rosa Luxem­bourg ou nous offre en conclu­sion de son pas­sage un texte de Colette Magny, que vou­lez-vous, on est défi­ni­ti­ve­ment per­sua­dé qu’il se passe quelque chose ce soir dans cette terre d’Ariège.

Bap­tiste Dale­man offri­ra un inter­lude de trois chan­sons, dont une en basque, sa terre d’origine, le temps de nous révé­ler, bien mieux que lors de son pas­sage au Pic d’or, un tem­pé­ra­ment d’artiste ardent, cha­leu­reux, à la recherche d’un authen­tique par­tage. Et c’est Émi­lie Marsh qui conclut dans un solo où ses textes et sa voix gagnent en effi­ca­ci­té. Elle nous convain­crait défi­ni­ti­ve­ment de son talent, si ce n’était déjà fait.

Festi’Scrib - Émilie Marsh (© Claude Fèvre)

LA RENTRÉE EXPLOSIVE D’ÉMILIE MARSH

Émi­lie Marsh, vient de vivre un été comme beau­coup d’artistes pour­raient lui envier. Mais à l’évidence cette indé­niable recon­nais­sance pour sa parole de rockeuse enflam­mée, sa fureur de vivre en femme libre et fière, ne l’écarte pas de ses valeurs. Sa pré­sence ce soir en est le gage.

Tou­jours sur la lan­cée des Ren­contres d’Astaffort, sa ren­trée est pleine de pro­messes, d’autres élans, d’autres envies. Elle com­mence au Forum Léo Fer­ré, pour la demi-finale régio­nale de « Vive la Reprise » aux côtés de la qué­bé­coise Gene­viève Moris­sette, puis elle s’acoquine le len­de­main aux Trois Bau­dets avec deux autres pour for­mer le trio déjan­té « Bodie », et enfin une semaine plus tard c’est avec Dani qu’on la retrouve à la Sorbonne.

S’éloigner de son propre réper­toire pour mieux y revenir.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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