Concert dessiné – François Gaillard & Marie Bobin (© Claude Fèvre )
13 juillet 2018 – Tracer la route
Concert dessiné
Avec
François Gaillard (textes, musique, accordéon, chant), Marie Bobin (dessin en live), Léna Pradelle (animation), Florent Oliva (scénographie)
Le Relais de Poche – Verniolle (Ariège)
Tracer les mers, les creux les vagues les dunes les océans
Avec tes Grands yeux Grands ouverts Grands comme ça Grands devant
Tes envies de soleil de Grand Large, de Bateaux
Avec quelques Embruns posés sur tes pinceaux…
Tu sais, Brel chantait que « le monde sommeille par manque d’imprudence »…
Alors prenons des risques !
Prenons la route, les mers, les creux les vagues les océans…
Il était une fois un auteur et compositeur de chansons, François Gaillard. Son cœur bat aussi beaucoup, beaucoup pour le cinéma. Voilà qu’il rencontre une illustratrice, Marie Bobin, belle comme le soleil de son sourire – Ce n’est pas une envolée lyrique, c’est vrai ! – Alors pour sceller cet amour ils font trois enfants et s’en vont, navigateurs rêveurs, sur les routes de France et de Navarre pour mettre des couleurs dans leur vie et celles des autres.
Voici qu’ils s’installent un peu partout avec leur concert dessiné, « Sur la route des vrais potes ».
Voici qu’ils arrivent ce soir de juillet au Relais de poche en Ariège. Un lieu qu’on croirait fait pour eux. Le patron qui ne fait pas de façons, les vieux murs de pierres qui racontent en silence des histoires très vieilles, les chaises disparates… Ils installent tout leur bazar extrait de leur camion orange… Un vieux camion brinquebalant qui leur sert de maison quand ils s’arrêtent pour jouer. D’ailleurs il est si important ce camion qu’il apparaît tel un personnage central dans le spectacle, « gros camion qui pue, attention j’démarre ! » Il arbore fièrement les lettres « On s’en fout » sur son côté droit et une éolienne côté cœur. Tout un programme !
François et Marie vous cueillent avec leur envie de « bourlingue » et comptent bien vous la faire partager, au moins le temps du spectacle… Dans la douceur des éclairages, le regard s’attarde tantôt sur l’éolienne qui tourne en fond de scène, symbole des grandes étendues nord américaines, des routes sans fin, « Ça tourne et ça grince et tout ça me rappelle /Que le vent souffle encore et que je suis vivant » – tantôt sur François et son accordéon, tantôt sur Marie qui dessine, peint, commande les vidéos… L’écran nous happe avec ses images créées au fil des chansons ou des textes dits. On se souvient de l’arbre du début du spectacle. Arbre de vie, de liberté…celle de l’homme qui largue les amarres. Rêve ou réalité ? On hésite tout comme les temps des verbes de la première chanson. Futur ? Conditionnel ?
Mais l’homme a peu le pied marin au bout du compte, hormis en métaphore. Nous connaissons, reconnaissons nos villes quand elles dorment, qu’elles s‘éveillent peu à peu « Des fenêtres s’allument, 2 ou 3, clairsemées /Des néons des cuisines et des cafés qui coulent… Quand les camions poubeLLent, quand les balais sifflotent /Quand les trottoirs s’préparent au retour à la vie » leurs graffitis quand leurs murs nous causent.
Mais peu à peu c’est la route qui prend tous les droits … On quitte nos trottoirs. Nos villes… « des hypercentres, qui souvent se ressemblent, mêmes rues, mêmes pavés, même tatouages sur l’hyperventre, même valse des mêmes franchisés... » Bien sûr, pas facile de ne pas se retourner car « les fantômes ont la vie dure /Yen a qui soufflent encore le froid /Les vieilles batailles les déchirures /L’humain descend parfois bien bas… Mais au bout du compte « Le vent l’emportera » et l’invitation au voyage est simplement un appel à se sentir vivant dans le regard des autres : « J’m’en vais grandir autour d’la terre /Et dire bonjour de l’autre côté /Voir si les hommes marchent à l’envers /Ou si c’est moi le détraqué ». Disparaître alors des écrans de contrôle, de nos « Connected Spheres »… Il se pourrait bien d’ailleurs qu’il y ait urgence « Sans doute qu’il faut pas trop attendre/La lune est là qui nous fait d’l’œil /Allez, c’est l’premier qui la cueille !
Le voyage s’achève dans une tasse de café, une petite cuillère tourne, un matin… Et l’appel du large cogne à la fenêtre, l’appel des oiseaux « Les oiseaux ont ça comme cadeau /D’être toujours des bourlingueurs /De chopper des courants là-haut /De savoir prendre de la hauteur. »
Quand le spectacle est terminé, on peut emporter avec soi l’image éphémère du ciel étoilé « Au Sahara dans la nuit noire /Des milliers d’épingles s’éclairent /Les clins d’œil des étoiles du soir /Hig’lin St Ex et tous nos pères… » A moins que l’on ne préfère remonter le cours du fleuve en suivant le superbe dessin qui déroule les bords de Saône à Lyon : « On regard’ra vu du trottoir/s’allumer toutes les p’tites lumières/Pour chaque fenêtre y’a une histoire /Une vie à raconter derrière… »
Et pour ceux qui le veulent, pour trois fois rien, on peut emporter un dessin créé là sous nos yeux. Histoire que le voyage ne s’arrête pas là.
Demain François et Marie, leurs trois enfants – dont une délicieuse petite Plume qui fait fonction de technicien lumières – planteront ailleurs leur éolienne et leurs rêves de bourlingue.