Album collectif, La Commune refleurira, 2021 (©Aurel /Lionel Le Guen)
25 octobre 2021, album collectif pour les 150 ans de la Commune
* Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères (Arthur Rimbaud)
Avec, dans l’ordre des textes dits** et des chansons
Michèle Bernard & les Ogres de Barback (Elle n’est pas morte) Thomas Pitiot & Damien Toumi (Bonhomme) François Morel (Quand viendra-t-elle) MeliSsmel (L’insurgé) Fredo (** Paris Brûle) Les Croquants (La semaine sanglante) Agnès Bihl ( Jean Misère) Eyo’nlé & Francesca Solleville (L’internationale ) La Mal Coiffée & Laurent Cavalié (Sabem Plan) Christian Olivier (Chant de guerre parisien) Coko (**Paris agonisait) HK (Le temps des cerises ) Francesca Solleville ( Le grand krack) Les Ogres de Barback (Ne dérangeons pas le monde) Mouss & Hakim (La Canaille) Manu Théron, Audrey Painado & Arthur Bacon (Lo Pan Maudich ) Coko (La mort d’un globe) Michel Bühler & Nathalie Fortin (L’économie politique) Ben Herbert Larue, MeliSsmelL & Florent Vintrigner (Sur une barricade) François Morel ( **Le 26 mars) Le chœur du Lamparo ( La Libertat)
« Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères,
Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau,
Quand tu gis, retenant dans tes prunelles claires
Un peu de la bonté du fauve renouveau »
Arthur Rimbaud (L’orgie parisienne)
« Tisser un fil entre chansons incontournables et textes inédits… Entre nos regards d’artistes et nos consciences militantes » (Corentin Coko)
Amoureux de poèmes et de chansons, de notre patrimoine historique, Coko le demeure depuis que sa tante, Nathalie Fortin, lui a mis entre les mains un trésor, des partitions des années 30… Selon son propre aveu, une révélation, un coup de foudre… C’est lui qui a enregistré un album de Chansons Oubliées 1930 – 1939, en a créé un cabaret où le public choisit lui-même le programme parmi une soixantaine de titres, accompagné au piano par Barbara Hammadi ressuscitant Damia, Trenet, Mireille, Fréhel, Marianne Oswald, Berthe Sylva, Marie Dubas, la môme Piaf, Fernandel, Georgius…Il est aussi celui qui, au moment des célébrations de la Grande Guerre, a transmis en spectacle le fruit de ses recherches jusqu’à la BNF, lui à l’accordéon, Danito à la guitare… Un spectacle qui a fait mouche, en a étonné, ému plus d’un avec ses trouvailles, ses inédits qu’il arrache à l’oubli.
Et voici qu’aujourd’hui il s’engage – le mot est juste ! – auprès de ses amis, à commencer par Les Ogres de Barback, avec qui il assure la coordination artistique, pour illustrer, rendre hommage, dit-il, tout d’abord à celles et ceux qui ont fait la Commune, en 1871. Mais très vite il ajoute que cet album est surtout un hommage aux poètes, aux auteurs de la Commune. Une façon une fois encore de souligner le rôle de la poésie, de la chanson dans « un mouvement social, un mouvement révolutionnaire ou tout mouvement humain »… Et de citer bien sûr Louise Michel, Eugène Pottier, Jean-Baptiste Clément, Jules Vallès, le très jeune Arthur Rimbaud, quelques jours à Paris, de souligner le rôle de Victor Hugo… Mais, on ne saurait rendre compte de cet album sans ajouter que le souci majeur est de « tisser un fil entre passé et présent », de tisser un fil « entre nos regards d’artistes et nos consciences militantes », conclut-il.
Cette œuvre collective est largement documentée, le livret fournissant une chronologie précise en bas de page sur fond rouge, une présentation détaillée de chaque texte ou chanson. Le tout est finement illustré à commencer par la couverture de l’album où le dessinateur Aurel érige une barricade fleurie, en-chantée… et souriante !
Pas moins de 21 titres – « infime sélection » précise Coko – illustrant cet épisode de l’Histoire, 72 jours seulement, qui virent s’exprimer des idées incroyablement innovantes… Que l’on songe à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, à l’instruction gratuite laïque et obligatoire pour tous, filles et garçons, aux droits des femmes… Chaque interprète a choisi sa couleur, son style, offrant ainsi un album qui nous parle beaucoup d’aujourd’hui, de la volonté des auteurs du projet de souligner le « caractère collectif et internationaliste de la Commune », de rappeler que ce soulèvement populaire n’eut pas seulement lieu à Paris… Et c’est ainsi que l’on retrouve aux côtés des Ogres et de Coko, aussi bien MeliSsmelL (L’Insurgé) Thomas Pitiot ( Bonhomme), Agnès Bihl (Jean Misère), Christian Olivier (Chant de guerre parisien), HK (Le temps des cerises), Mouss & Hakim (La Canaille), Ben Herbert Larue (Sur une barricade), Michel Bühler ( L’économie politique) Manu Theron (Lo pan maudich), La mal coiffée (Sabel Plan, adaptation d’un discours de Louise Michel à Narbonne en juin 1881) François Morel (Quand viendra-t-elle) … et bien entendu Francesca Solleville, à elle seule, voix de la révolte, voix de l’être humain debout face à toutes les injustices … Tous ceux qui sont cités là, en effet, nous sont connus pour exprimer ce qui dans nos vies nous donne à gémir, crier parfois, mais aussi rêver, espérer un autre monde…
Aux chansons s’ajoutent des textes dits, deux extraits de La Débâcle, l’un dit pas Fredo, l’autre par Coko, auxquels le souffle épique d’Emile Zola imprime définitivement le souvenir de la guerre et de ses conséquences, la souffrance atroce imposée au peuple de Paris pendant le siège. Quant à François Morel, avant que le Chœur de Lamparo n’entonne le dernier titre, La Libertat, « une fleur de barricade » comme celle qui se détache, rouge sur le fond blanc de la couverture de l’album, il dit l’édito enthousiaste du Cri du peuple du 28 mars 1871, signé Jules Vallès, rendant compte de la proclamation de la Commune :
[…]Clairons, sonnez dans le vent, tambours, battez aux champs !
Embrasse-moi, camarade, qui a comme moi les cheveux gris ! Et toi, marmot, qui joue aux billes derrière la barricade, viens que je t’embrasse aussi !
Le 18 mars te l’a sauvé belle, gamin ! Tu pouvais, comme nous, grandir dans le brouillard, patauger dans la boue, rouler dans le sang, crever de honte, avoir l’indicible douleur des déshonorés !
C’est fini !
Nous avons saigné et pleuré pour toi. Tu recueilleras notre héritage. Fils des désespérés, tu seras un homme libre ! »