25 octobre 2016 – Petit Taureau
dans le cadre de la Rencontre de la Chanson Francophone à Premilhat
avec Noah Lagoutte, Frédéric Bobin et Pierre-Yves Côte
Salle des fêtes de Prémilhat (Allier)
Le défi que se lance Noah Lagoutte n’est pas pour nous déplaire, loin de là. Certains de nos « enlecteurs » ont peut-être souvenir d’une chronique de l’été sur une autre audacieuse qui nous avait émus, conquis. Être une femme et s‘emparer du répertoire d’un artiste dont la virilité, je dirais l’animalité, est l’une des lignes de force, nous interpelle immédiatement, suscite notre désir et notre impatience. Trop ? Peut-être… si l’on en juge par notre déception à la sortie du concert.
Bien sûr, on s’empressera de préciser qu’il est nouvellement né, qu’il a besoin de se roder, se frotter à l’âpre réalité de la scène et qu’il sera bon d’y revenir un peu plus tard. Car le trio a de quoi nous transporter. Noah Lagoutte, auteure, a donné idée d’un univers sans concession dans son dernier album Pomme Verte qui lui a même valu d’être récompensée par l’UNAC, lors du concours Vive la Reprise ! 2012. Les deux musiciens, Pierre-Yves Côte à la contrebasse et Frédéric Bobin, à la guitare électrique, sont à la mesure du projet, nous le savons.
Sans doute l’académisme de Dansez-sur moi, plus encore l’absence d’émotion dans Il y avait une ville où le drame d’une fin du monde est résolument effacé, une voix qui semble manquer d’âme, un corps trop raide décidément, ont pu laisser longtemps le spectateur sur la rive.
Car on attendrait que cette jeune et belle Noah, dans le noir et les touches orange de sa tenue très juste (on aimerait voir ses deux complices dans des couleurs à l’unisson), donne du corps, en effet, à ce qu’elle chante. Il faudra attendre huit chansons au moins pour que l’on sente venir un peu d’émotion comme si le propos était juste de porter le texte, sans effets, sans chaleur.
Mais est-ce seulement possible quand il s’agit de celui de Claude Nougaro, et que l’on choisit de se nommer Petit Taureau avec tout ce que l’image charrie de charnel, peut-on vraiment désincarner le répertoire dionysiaque de celui qui chantait : J’entrerai dans la reine /la reine des abeilles… Je la matadorerai avec mon appareil… ? Que voulez-vous, ces mots-là, dont on n’ignore pas, bien sûr, la portée métaphorique, sont encore à notre oreille. On n’y peut rien !
Alors, sans doute, le concert a‑t-il d’autres effets sur de plus jeunes qui découvrent ce répertoire, porté effectivement avec clarté, limpidité. Reconnaissons à ce jeune Petit Taureau le mérite de vouloir porter, transporter le miel des chansons de celui qui s’est tu.
- Quelques liens -
Rencontre de la Chanson Francophone à Prémilhat | Petit Taureau | Frédéric Bobin