Dalèle, Y a d’l’amour dans l’air (© Camille Paicheler)

Dalèle, Y a d’l’amour dans l’air (© Camille Paicheler)

14 octobre 2016 ‑Concert de Dalèle, Réussir ses échecs amoureux

avec Dalèle Mul­ler (accor­déon, voix) Phi­lippe Yvron (pia­no) Rol­land Mar­ti­nez ( cla­ri­nette et contre­basse) Armand Boi­sard (gui­tare et saxophone)

Le Bijou (Toulouse)

Bien sûr on pour­rait hési­ter … « Réus­sir ses échecs amou­reux » ?? A‑t-on encore du goût pour ce pro­gramme là ? Cha­cun sait bien que ce sen­ti­ment nous mène dans son tour­billon et la Chan­son en fait des tours et des contours sans fin… Que vont donc pro­po­ser Dalèle Mul­ler et ses trois hommes après nous avoir emme­nés dans leur Café Quin­caille ? « Épi­centre d’une socié­té tumul­tueuse com­po­sée de piliers far­fe­lus, tor­dus et magni­fiques […] des cabas qui débordent, des mamies qui vivent chez leurs chiens, des mai­sons de guin­gois et des sai­sons qui s’emballent. » disait Phi­lippe Pagès alors tôlier du Bijou… « C’était l’imaginaire pour guide ».

Voi­là donc que l’on revient à notre his­toire… Banale ?? Pas si sûr avec Dalèle et les zozos qui l’accompagnent et qui ne manquent pas de répondre à son goût pres­sant pour les musiques popu­laires. Deux d’entre eux portent gilet sur che­mise blanche, petites cas­quettes « gavroche », barbe nais­sante, poivre et sel… Clin d’œil appuyé à l’entre deux guerres… Et c’est vrai que ce concert pour­rait bien être une ouver­ture au bal, bal popu­laire s’entend… Les musiques se nour­rissent de la tra­di­tion et s’ouvrent aux autres conti­nents : valse lente ou rapide, fox-trot, char­les­ton, biguine, rum­ba, tan­go… Et ça swingue ferme avec cla­ri­nette, pia­no, saxo­phone, gui­tares… Dalèle arbore sim­ple­ment une robe courte bleu vert sur des bas noirs constel­lés de petites étoiles. Mon­tée sur des talons hauts, elle affiche une aisance à se mou­voir au milieu de ses hommes et sa voix claire emporte la mise, en vraie chan­teuse popu­laire qui ne se prend pas au sérieux. C’est joyeux même quand il s’agit de décli­ner nos petite misères amoureuses.

Dalèle aime les col­la­bo­ra­tions, elle chante Oli­vier Gil et l’on se dit alors que l’on aime­rait bien revoir ce gar­çon là en scène. Le ton est don­né : il s’agit bien d’échecs amou­reux, d’histoires qui « ont la tronche en biais » et qui vous « laissent comme une fêlure dans le gre­nier ». A croire que l’on aime ça puisqu’on y revient sans cesse depuis La pre­mière fois… « Plus le temps passe et plus le plai­sir est ambi­tieux » ! Et tou­jours cette quête intem­po­relle de L’homme idéal qui nous vaut un concen­tré his­to­rique de styles de chan­sons… de la chan­teuse réa­liste à la punk déchaî­née en pas­sant par la chan­teuse yéyé ou l’émule de Dali­da… Dalèle excelle dans ce jeu là !

Cha­cun leur tour les musi­ciens poussent la chan­son­nette, mettent leur grain de sel dans les recettes pour réus­sir ses échecs amou­reux… Rol­land Mar­ti­nez s’y prend même à deux fois, mal­adroit et mal­chan­ceux en amour… ça se gâte iné­luc­ta­ble­ment. Phi­lippe Yvron, lui, se la joue sombre et ren­fro­gné… Quant à Armand Boi­sard c’est du côté de l’enfant, vic­time col­la­té­ral de nos échecs qu’il se déplace pour une chan­son émou­vante « Maman, elle dit qu’il faut faire peur aux his­toires à pleu­rer… ».

On s’interroge sur le jeu des appa­rences (Les bis­cuits) sur la séduc­tion, sur le déclin de sen­ti­ments (Flou d’Anne Syl­vestre) sur l’amour libre, sur le duo amis – amants… sur les amours très sin­gu­lières avec la reprise du Coq et la pen­dule de Nou­ga­ro, et même sur des amours tota­le­ment ima­gi­naires, comme celui pour Rose­lin Gui­tard, ce sol­dat de qua­torze dont il ne reste qu’un nom gra­vé dans la pierre.

Au fond c’est peut-être Bras­sens et sa ren­contre éphé­mère sous un para­pluie qui donne la réponse ultime. A moins que ce ne soit Bour­vil avec son inou­bliable ten­dresse…

« On peut vivre sans richesse /​Presque sans le sou /​Des sei­gneurs et des prin­cesses /​Y’en a plus beau­coup /​Mais vivre sans ten­dresse /​On ne le pour­rait pas/​Non, non, non, non/​On ne le pour­rait pas… »

Cha­cun garde bien cachée au fond soi sa recette… C’est comme les « coins à cham­pi­gnons », ça ne se dit pas !