Frédéric Bobin – Guitar Songs – décembre 2020  (©captation écran vidéo)

Fré­dé­ric Bobin – Gui­tar Songs décembre 2020 (©cap­ta­tion écran vidéo)

Du 3 novembre au 14 décembre 2020, les qua­rante deux vidéos quo­ti­diennes de Fré­dé­ric Bobin 

Gui­tar Songs

Avec

On s’cache des choses (Alain Sou­chon) #1 Au creux de ton bras (Mano Solo) #2
L’espoir (Ber­nard Lavilliers en duo avec Jeanne Che­rhal) #3 Les Gau­loises bleues (Yves Simon) #4 L’histoire de Ber­nard (wor­kers) (Char­lE­lie Cou­ture) #5 L’autre bout du monde (Emi­ly Loi­zeau) #6 La visite (Maxime Le Fores­tier) #7 Je suis un voyou (Georges Bras­sens) #8 St Vincent (Têtes Raides) #9 J’aimerais tant savoir (Jehan) #10 Le colosse (Ber­trand Belin) #11 La médaille (Renaud) #12 Je lisais dans ma chambre (Pierre Delorme) #13 Anne, ma sœur Anne (Louis Ché­did) #14 La folle com­plainte (Charles Tre­net) #15 Je t’en remets au vent (Hubert-Félix Thié­faine) #16 Ce matin-là (Bar­ba­ra) #17 J’adore t’écrire (Franck Mon­net) #18 Ces petits riens (Serge Gains­bourg) #19 Le cou­reur (Jean-Jacques Gold­man) #20 Lomer (Richard Des­jar­dins) #21 Bozo (Félix Leclerc) #22 (1951) #22 Comme un lego (Alain Bashung) #23 Lâche-moi (Cla­ri­ka) #24 Hol­ly­wood (David Mc Neil) #25 Je ne peux plus dire je t’aime (Jacques Hige­lin) #26 Au mont sans-sou­ci (Jean-Louis Murat) #27 La tête ailleurs (Gil­bert Laf­faille) #28 Car­casse (Anne Syl­vestre) #29 Les miroirs dans la boue (William Shel­ler) #30 Au revoir mon amour (Domi­nique A) #31 Class pro­lo (Kent) #32 Elsa (Léo Fer­ré) #33Le mur de la pri­son d’en face (Yves Duteil) #34 Jau­rès (Jacques Brel) #35 Inti­mi­té (Laurent ber­ger) #36 Les objets (Kate­rine) #37 Modi­glia­ni (Dick Anne­garn) #38 Les sou­liers (dans la neige) (Guy Béart) #39 Quatre-vingts beaux che­vaux (Michèle Ber­nard) #40 Lumières (Gérard Man­set) #41 C’est peut-être (Allain Leprest) #42


Fré­dé­ric Bobin pour­rait bien avoir créé l’évènement de cette « deuxième vague » de pro­po­si­tions artis­tiques, sans l’avoir aucu­ne­ment prémédité.

Un jour, un soir, le 3 novembre, il s’empare de sa gui­tare acous­tique et chante « Juste pour le plai­sir de chan­ter et de jouer de la gui­tare » dit-il, déli­vré de tout sou­ci de répé­ti­tion, d’objectif ou d’ambition autre que celle du par­tage avec ceux qui le suivent sur sa page Face­Book. Chan­ter du Sou­chon, juste comme ça…

Il n’en a pas fal­lu davan­tage pour que les inter­nautes s’enthousiasment et que lui se prenne au jeu.

Le voi­là donc qui s’installe chez nous, chaque jour, en voi­sin, en ami, dans la plus grande sim­pli­ci­té, sans aucune forme d’apprêt, che­ve­lure ébou­rif­fée, en tee-shirt le plus sou­vent ou pull marin, le même cadrage, prise live sur son télé­phone, accom­pa­gné de sa gui­tare clas­sique ou gui­tare folk, par­fois aus­si de sa fidèle gui­tare élec­trique et même de sa basse…

Qua­rante deux jours plus tard, il ras­semble toutes ces vidéos parues jour après jour sur sa chaîne You Tube, sous le titre emprun­té à Ber­nard Lavilliers, l’un des pre­miers qu’il vit en scène, à l’âge de 12 – 13 ans : Gui­tar Songs. Et de conclure « Plus que jamais, je me suis aper­çu que la chan­son était cet art popu­laire qui « parle » à beau­coup de gens… La chan­son, c’est notre socle com­mun, une culture fédé­ra­trice qui per­met de créer du lien entre les per­sonnes… »

Et c’est là que nous sommes, une fois encore, séduits par cet artiste – un pas­seur comme bien d’autres direz-vous. Il s’en va donc pui­ser dans le patri­moine de la Chan­son, cou­vrant à peu près soixante dix-ans, sans aucun sou­ci d’étiquette ni de période. Mais ce n’est pas tout, il va bien au –delà de la seule dif­fu­sion d’une reprise dont il pré­cise ain­si l’approche : « Cer­taines fois, j’ai vou­lu me réap­pro­prier la chan­son en chan­geant le rythme, le phra­sé, la cou­leur musi­cale… d’autres fois, j’ai eu envie sim­ple­ment d’être fidèle à la ver­sion ori­gi­nale…» Cha­cun recon­naî­tra qu’il a impri­mé « sa sen­si­bi­li­té et sa signa­ture » aux chan­sons qu’il a revi­si­tées. Il les accom­pagne sys­té­ma­ti­que­ment d’une intro­duc­tion situant la chan­son dans le réper­toire de l’artiste – essai­mant de courtes ana­lyses très per­cu­tantes, fines et justes- mais aus­si le chan­teur dans le cours de l’Histoire de la Chan­son fran­co­phone, son lien per­son­nel avec lui – des­si­nant ain­si en creux son par­cours, de son enfance à sa qua­ran­taine d’aujourd’hui – et ne manque sur­tout pas d’y ajou­ter l’intégralité des paroles.

Ces qua­rante deux chan­sons, ce « mara­thon », ouvre ain­si des hori­zons. Outre que cer­tains titres sont peu connus, ils saluent au pas­sage cette famille, « sa » famille qui l’influence, l’entoure, l’encourage… C’est incon­tes­ta­ble­ment une longue chaîne humaine qui a per­mis l’émergence de ses chan­sons écrites, rap­pe­lons-le, à quatre mains, avec son frère Phi­lippe. Et c’est une vraie chance qui nous est ain­si accor­dée que d’aller voir de plus près la source… Une source où émerge le goût de textes mys­té­rieux et mélan­co­liques, des images ful­gu­rantes, la fidé­li­té à une chan­son huma­niste, l’attachement aux racines, les siennes, ouvrières, et une pro­fonde admi­ra­tion et fidé­li­té aux hommes et femmes de scène qui lui ont ten­du la main…

La source ? C’est d’abord une famille, la vraie. Un grand frère, Phi­lippe, qui ouvre la voie, une mère – plu­tôt côté Tre­net, Bar­ba­ra, Béart – un père – plu­tôt Bras­sens et Brel… Mais sans l’ombre d’un doute, c’est auprès d’eux et grâce à eux que naissent les pre­miers fris­sons. Que n’a –t- elle fait naître cette mère qui offrait des K7, comme celle déni­chée « dans un bac de pro­mo » où figu­raient un album de Char­le­bois, un Lavilliers des années 90 et sur­tout, sur­tout Aler­tez les bébés d’Higelin qui allait per­mettre d’accéder à « une autre galaxie », deve­nir pour le jeune Fré­dé­ric comme « un pote, un grand frère, un oncle un peu fan­tasque » ? A 12 – 13 ans, au temps du col­lège, c’est encore à la mai­son que l’on écoute fré­né­ti­que­ment, à les user, des vinyles, comme la com­pi­la­tion Béart de tou­jours… Mais c’est aus­si le temps des pre­miers 45 tours, aux côtés de Mar­cia Baï­la des Rita Mit­sou­ko, de Marc Lavoine et Les yeux revol­ver, Jean-Jacques Gold­man, bien sûr ! Incon­tour­nable bande sonore pour toute une géné­ra­tion !… L’album Fre­de­ricks Gold­man Jones en K7…

Vien­dra le temps du lycée où a lieu le pre­mier concert, la pre­mière chan­son en scène, Je t’en remets au vent de Hubert-Felix Thié­faine avec Yes­ter­day des Beatles … C’est ain­si que peu à peu, aux côtés des chan­teurs des parents ( Bar­ba­ra, Fer­ré, Fer­rat, Bras­sens…) viennent s’ériger en fran­gins, tapa­geurs sou­vent, « ses » chan­teurs : Renaud, Char­lE­lie Cou­ture, Ber­nard Lavilliers, Alain Bashung, Alain Sou­chon, H.F Thié­faine, Gérard Man­set, Jacques Hige­lin… C’est aus­si le temps des décou­vertes tous azi­muts, sur­tout des incon­nus du grand public, au rayon « Chan­son » de la média­thèque de sa ville du Creu­sot, dans les pages de la revue Cho­rus qu’il y consulte, dans les dizaines de K7 prê­tées par Yves Bru­nier, le patron du café cultu­rel de leur rue, le Bar Zinc qui ne devait pas résis­ter bien long­temps à l’indifférence des habitants…

Quand arrive le temps de la fac à Dijon, des études de Lettres, l’univers s’enrichit de réfé­rences lit­té­raires, bien sûr, mais aus­si ciné­ma­to­gra­phiques… La bande sonore de ces années là c’est Kent, Domi­nique A., Fer­sen, Mios­sec, Têtes Raides, Mano Solo, sur son vieux poste Pana­so­nic dans sa chambre d’étudiant… La Chan­son va sa route, un vent nou­veau ne tarde pas à souf­fler avec Franck Mon­net, Emi­ly Loi­seau, Mat­thieu Boo­gaerts, Albin de la Simone… L’installation en 2003 à Lyon, à la Croix Rousse, pour suivre son amou­reuse, le trans­porte sou­dai­ne­ment dans une autre grande et belle famille, celle de la chan­son lyon­naise qui lui ouvre les bras. « Cette famille artis­tique gra­vi­tait autour de Lyon et des lieux emblé­ma­tiques du début des années 2000 : A Thou bout d’Chant, la Salle des Ran­cy, Agend’Arts, la Salle Léo Fer­ré, le Nou­veau Théâtre du Hui­tième et le Kras­pek Myzik. »

Il y occupe aujourd’hui, nous le savons bien, une place de choix gran­de­ment méri­tée. Il est incon­tes­ta­ble­ment de la famille.