Réseau Chanson Occitanie, 2020 (David Desreumaux / Marie-Sonia Jouanneau)

Réseau Chan­son Occi­ta­nie, 2020 (David Des­reu­maux /​Marie-Sonia Jouanneau)

21 et 22 jan­vier 2021, Pla­teau Réseau Chan­son Occi­ta­nie 2021

A qui le tour ? 

Avec, par ordre de passage :

Jour 1 : Murielle Holtz, Ver­dée, HYJ, Jérôme Pinel, Soleynia

Jour 2 : Julii Sharp, Erdows­ky, ZoB, Julia Per­tuy, Biceps


Le Bijou (Tou­louse)

L’Occi­ta­nie, troi­sième plus vaste Région de France, four­mille d’artistes et de pro­fes­sion­nels de la Culture qui invente, s’invente pour résis­ter à la ter­rible vague d’annulations et de reports d’événements. Celui qui nous occupe aujourd’hui, orga­ni­sé par le Réseau Chan­son Occi­ta­nie, tra­duit assez bien la situa­tion. Il s’agit de sélec­tion­ner les trois pro­jets « Chan­son » qui seront label­li­sés en 2021, suc­cé­dant à Tiou, Coren­tin Grel­lier et Lise Mar­tin.

Au mois d’août, confiante, l’équipe du Réseau lance un appel à can­di­da­ture : « Vous êtes artiste rési­dant en région Occi­ta­nie et jouez vos titres en Fran­çais ? Vous sou­hai­tez par­ti­ci­per ? Contac­tez une struc­ture membre du Réseau pour qu’elle vous par­raine (Ne trai­nez pas : chaque struc­ture ne peut par­rai­ner qu’un artiste !)» S’adressant aus­si aux pro­fes­sion­nels : « Vous êtes pro­fes­sion­nel et inté­res­sé pour assis­ter aux concerts ? Vous êtes membre du réseau et ne savez pas com­ment par­rai­ner un artiste. Contac­tez Marc à coordination@​reseauchanson.​fr. Il vous en dira plus. »

Les lieux où se dérou­le­ront les concerts sont le Kias­ma (Cas­tel­nau-le-Lez) et l’Ago­ra (Le Crès) en péri­phé­rie de Mont­pel­lier, les 24 et 25 novembre 2020, dans le cadre des Nuits du Chat. Le 30 sep­tembre les dix pro­jets sélec­tion­nés sont annon­cés. Mais, bien enten­du, vous devi­nez la suite… Annu­la­tion du fes­ti­val, concerts repor­tés à La Pas­se­relle (Jacou). Annonce faite en décembre…

C’est fina­le­ment au Bijou à Tou­louse que se déroulent les pla­teaux du Réseau Chan­son Occi­ta­nie, concerts stric­te­ment réser­vés aux pro­fes­sion­nels dans le cadre de leur acti­vi­té. Pre­mières notes à 16 heures pré­cises. Quelques pri­vi­lé­giés, dont nous sommes, pour­ront y assis­ter en direct, deux jours durant – pas moins de quatre heures ! – grâce à un lien vidéo tou­jours dis­po­nible sur You­Tube

On avoue­ra ne pas avoir eu les qua­li­tés d’écoute sou­hai­tables pour émettre ici un choix. Juste quelques observations.

Mais ces heures ont été une immer­sion aus­si inat­ten­due que réjouis­sante dans l’atmosphère du spec­tacle vivant… Enfin quelques têtes dans l’ombre, des applau­dis­se­ments, sur­tout ce bruis­se­ment irrem­pla­çable d’une salle avant concert, pen­dant les chan­ge­ments de pla­teaux, la cho­ré­gra­phie des tech­ni­ciens qui s’activent, branchent, règlent, de temps en temps mal­me­nés par la tyran­nie des fils qu’imposent de plus en plus les nou­velles tech­no­lo­gies… Saluons l’équipe du Bijou de ces deux jours : Char­lyne, la coor­di­na­trice capable de tout vous faire – lumières et son ! – Rachel, ce petit bout de femme mon­tée sur res­sorts, et Clément.

Côté scène ces dix pro­jets peuvent don­ner un aper­çu de la diver­si­té, l’étrangeté par­fois, la varié­té des registres qui se nichent sous l’appellation « Chan­son »… On conti­nue de s’attendrir à l’écoute d’une poé­sie pure (Julia Per­tuy) ou de textes bou­le­ver­sants comme ceux de Jérôme Pinel venu pré­sen­ter un nou­veau trio sin­gu­liè­re­ment effi­cace avec basse et pia­no, de tendre une oreille nos­tal­gique à des bal­lades folk comme celles de Julii Sharp, d’observer – et s’interroger aus­si ! – le syn­cré­tisme musi­cal quand la chan­son emprunte à l’électro (le nou­veau pro­jet de Jules Nec­tar et de Milu Mil­pop : Biceps) au rap (HYL, ZoB), aux rythmes afri­cains (Murielle Holtz), aux musiques du monde (Soley­nia), aux brui­tages légers comme ceux de feuilles sèches frois­sées dans un pro­jet qui fait pour­tant la part belle à l’électro (Ver­dée), de se réjouir de l’irruption d’une cla­ri­nette dans le duo d’Erdows­ky, dont le chant devient cha­ma­nique, d’aimer les clins d’œil au théâtre, comme le font indé­nia­ble­ment HYL et ZoB

Enfin, on pour­ra s’interroger encore et tou­jours sur la dimen­sion visuelle d’un concert, sur sa dra­ma­tur­gie. A plu­sieurs reprises nous avons regret­té qu’elle soit négli­gée. Non sans for­mu­ler ce pré­am­bule : la durée (4 heures d’attention) pou­vait par­fois conduire à l’agacement, voire à l’intolérance.

Nous cite­rons juste quelques exemples : la file­rie enva­his­sante qu’impose l’électro et qui sépare les deux artistes dans une posi­tion fron­tale (Biceps), pré­oc­cu­pés des bou­tons de leurs machines, le cla­vier por­ta­tif qui embar­rasse la chan­teuse, Murielle Holtz …

A rebours, on appré­cie les clins d’œil à la danse quand elle apporte une nou­velle dimen­sion au texte (Murielle Holtz), la mise en scène pré­cise de HYL, la conni­vence que recherche Jérôme Pinel avec ses musi­ciens, la beau­té étrange des élé­ments de décor de Julii Sharp, des bustes de femme à tête d’oiseau ou de mai­son… La chan­son est incon­tes­ta­ble­ment un spec­tacle même si cer­tains nous rétor­que­rons que le plus grand de nos chan­teurs – réfé­rence indé­trô­nable – se conten­tait de poser le pied sur une chaise et s’en trou­vait bien…