Entre 2 Caisses, Michèle Bernard & Monique Brun – Barjac 2021 (©Claude Fèvre)
31 juillet et 1er août 2021, Jours 1 & 2
Journal de bord
Avec
Philippe Meyer (Ma radio, Histoire amoureuse), Marie-Christine Barrault & Jean-Pierre Arbon (La Fontaine- Brassens), Akèstéko (swing), Cadijo (Momo le petit harmo), Anne –Lise Roche, François Buffaud Trio (Eclats de vivre), Entre 2 Caisses (On voudrait vous dire au revoir), Michèle Bernard & Monique Brun (Un p’tit rêve très court)
Espace Jean Ferrat – Chapiteau du Pradet – Cour haute de l’école – Salle Trintignant – Bibliothèque – Jardin des papotages
Barjac (Gard)
En guise de préambule : Ces lignes ont été écrites et publiées sur ma page personnelle du réseau FaceBook au fil des heures et des jours. Au départ je n’imaginais pas qu’elles seraient plébiscitées par les lecteurs, surtout par ceux qui ne se trouvaient pas à Barjac. Ainsi encouragée, au retour, je leur donne un destin moins fugace en publiant ici mon journal de bord du Festival Barjac m’en Chante 2021 avec parfois quelques ajouts.
Jour 1 – 31 juillet
Donc, vous l’aurez compris les contraintes anti-Covid s’étaient invitées de longue date ici comme ailleurs… Même que c’est un acte de gloire que de maintenir un festival. Si, si !
Comme si ces contraintes là ne suffisaient pas (entre autres, nouvel exercice : identifier l’ami ou l’amie sous son masque ! – ) on a eu droit à la pluie ! Et donc transfert sous chapiteau ! Ca commence fort !
Précision : je vous rassure, à moins que je ne vous affole, avec certains et certaines, on n’a pas hésité une seconde : allez hop, on s’est claqué une bise ! Non, mais !!
17h Jean-Claude Barens – pour ceux qui ne sauraient pas, c’est le directeur artistique du festival – le discours, le discours !!… Suis arrivée en retard (installation dans l’appartement etc) et donc j’en ai manqué un bon bout mais le peu que j’ai attendu confirme son style inimitable : pourfendre l’ennemi sans avoir l’air… Ils étaient tous conviés au banquet des têtes à claques avec un art oratoire jubilatoire… J’aimerais vous en dire davantage mais je ne possède pas le texte et j’avais bêtement oublié mon bloc notes.
20h30 : file d’attente des contrôles… Et là, petit mouvement de grogne : faut une pièce d’identité contrôlée par une personne assermentée… Au final, ça se passe bien, c’est bon enfant… On retrouve les copains, les copines et ça c’est drôlement bon ! Nous sommes trop heureux d’être de la fête !
21h30 Philippe Meyer, oui, oui, celui de La prochaine fois je vous l’chanterai, accompagné d’un accordéoniste… Il nous embarque dans le récit de sa vie de journaliste, animateur radio, de sa haute voltige dans ce monde des médias. Il chante, il égratigne avec art, jamais méchant, toujours juste… Un vrai bonheur… Je jubile : Barjac m’en Chante 2021 commence bien !!
Après cette mise en bouche, c’est le tour du duo Marie-Christine Barrault et Jean-Pierre Arbon qui vont de sauts en gambades dans les Fables de La Fontaine et les chansons de Brassens. C’est un régal que de voir se mêler l’art du fabuliste et celui du croque-notes… J’avoue avoir un goût pour les textes de chansons recréés lorsqu’ils ne sont plus chantés… Ici c’était assez magistral ! Deux excellents comédiens avec une prédilection pour Arbon. Marie-Christine Barrault en fait quand même beaucoup !
Au passage, j’ai trouvé le spectateur un peu frileux, un peu coincé sous son masque sur ce coup là… J’avais tellement envie de fredonner, de bouger sur les chansons de Brassens… Au fil des jours, à Barjac, on peut finir par devenir spécialiste, acquérir le talent d’un applaudimètre et vite en déduire si ça passe (parfois très, très fort, le public est alors debout) ou si ça casse…
Bon, allez, j’avoue avoir fait faux bond au groupe qui prolongeait la soirée, Akéstéko et son swing joyeux… J’avais trop froid …
***
J2 matin, jour du marché bio sous les platanes.
10h je vous emmène à l’accueil du festival visiter des expositions. Photos de concert d’une fidèle de la Chanson, s’il en est… Chantal Bou-Hanna toujours discrète avec ses objectifs longs comme le bras…enfin presque !
Séquence émotion devant quelques photos, celles des disparus… J’admire toujours l’art de la photo de scène. Il suffit de tenter de s’y exercer un jour pour savoir combien c’est difficile… Jongler avec l’éclairage, trouver une expression de l’artiste. Je craque littéralement devant certaines : le sourire de Frédéric Bobin, le côté star de Nathalie Miravette, cheveux en folie, l’élégance du geste musical de Romain Lemire, le masque blanc de Laurent Viel dans le chevalier d’Eon…
Autre expression artistique, celle d’Eric Guilleton, celui qui nous avait régalés avec son évocation de Pierre Barouh et de la haute époque de Saravah… Retrouvailles avec un ami musicien- chanteur – artiste peintre. Chaque jour à 14 h il associera deux chansons à l’une de ses toiles … En voilà une belle idée ! Il appelle ça Chanter sous les toiles … Joli, non ?
Enfin des retrouvailles avec Jean-Yves Coissard et sa collection exceptionnelle de vinyles… celui que je retrouve aussi au Festival Dimey à Nogent.
Et pendant ce temps –là, dans des salles toute proches, les bénévoles s’activent pour le repas de midi. Ils sont vraiment merveilleux tous ces anonymes qui se donnent avec tellement de dévouement.
11h je file à la cour haute de l’école… Jolie petite scène sous la charpente de la cour de récréation destinée au jeune public et à leurs parents. L’occasion de regretter – comme partout, hélas ! – que les enfants d’ici ne soient pas là en nombre ! Cette fois je me laisser aller à l’envie de marquer le rythme, de me balancer à écouter l’harmoniciste Cadijo et son blues… Une escapade dans l’histoire d’un p’tit gars qui rêve de grandir… L’occasion d’entendre quelques classiques du blues…
A demain matin, je vous écrirai la suite de cette deuxième journée.
J2 (suite et fin)
Dès 14h je m’en allai de nouveau au château pour ne pas manquer les premières chansons d’ Eric Guilleton… C’est si délicat, si tendre … C’est son premier rendez-vous sous ses toiles… Eric n’est pas du genre à battre tambour… Alors, pas facile, à cette heure là, pas facile d’attirer le festivalier qui attend l’étage en dessous « Joël Favreau autour de Brassens » – excusez du peu ! – dans la bibliothèque qui a vite atteint sa jauge maximale.
En sortant je me trouve presque face à face avec Alcaz’, à savoir Viviane Cayol et Jean-Yves Liévaux qui achèvent leur repas en terrasse. Joie de se revoir ! Ils font partie de ceux qui ne se tiennent jamais bien éloignés de nos souvenirs communs, de notre amitié pour le journaliste et fervent défenseur de la francophonie, Albert Weber… Echanges sur les temps difficiles, sur leur amour pour le Québec qui leur ouvre grand les bras … Allez, hop, un selfie pour Albert !
C’est l’instant de vous dire que le festival de Barjac c’est pour une bonne moitié un lieu de retrouvailles de ce monde de la chanson. Et c’est aussi pour ça que j’y viens.
Je rentre à l’appartement non sans avoir cédé aux appels des stands Bio du marché encore présent.
16h30 Le temps passe vite, il faut aller prendre la file pour les Découvertes du Pradet, à savoir Le chapiteau !! … J’en profite pour égarer la carte qui décide de l’ouverture de l’appartement… Mais ça, c’est une autre histoire !
Ces deux premiers concerts « Découvertes » donnent une bien belle image de ce que la Chanson est capable d’offrir. D’abord la grâce d’Annelise Roche, capable de jouer de la clarinette, de la guitare, du clavier… et qui vous charme littéralement avec des textes savamment ourlés… Elle m’évoque les belles du temps jadis, une figure de Botticelli avec ses cheveux amplement déployés… Hors saison assurément… Lui succède le trio d’une autre génération – on peut rester éternellement jeunes en Chanson et garder le statut, à jamais, de « découvertes « – autour de François Buffaud… Je me régale, quels musiciens ! Ils jazzent la chanson comme le dit le programme (on ne peut trouver meilleure formule !) Et pour les textes j’ai gardé ce vers qui me semble vous traduire l’esprit : « Quand on sera morts, on fera semblant/Il sera bien temps d’avoir des remords « … En attendant vivons, mes amis !
21h30 Bien sûr, vous m’attendez sur les concerts du soir. De quoi vous donner beaucoup de regrets de ne pas avoir été là… C’était la der des ders des Entre 2 caisses !! Je peux vous dire qu’ils ont fait fort et que les émotions ont parcouru un public debout… Certains que j’ai entendus, leur en voudraient presque d’achever là leur carrière comme si un artiste appartenait, pieds et poings liés, à son public.
Et c’est le duo magique de Michèle Bernard & Monique Brun qui devait achever de nous transporter ailleurs, très loin dans les tréfonds de nos pensées et de nos émotions… Emue, je l’étais, au salut final des deux groupes réunis autour d’Anne Sylvestre et de sa chanson Une sorcière comme les autres (photo)… Une version que j’espère sauvée par un vidéaste pro ou amateur… Dans mon émotion j’en oubliai d’aller chercher la liste des textes du P’tit rêve très court de Michèle et Monique… Il faut que je demande à Julie Berthon (Vocal 26)… Au passage, c’est officiel, c’est elle qui succèdera en 2023 à Jean-Claude.
Minuit 30 Je me suis rendue au chapiteau – il est plus de minuit trente – où j’ai trouvé – encore une grande joie qui réchauffe ! – quelqu’un que j’aime pour sa folie poétique, instrumentale, ses textes déchirés d’amour trop dur, pour les photos de Thibaut Derien qu’il partage sur Facebook… Je veux nommer Nicolas Jules que nous retrouvons dans la cour du château ce soir… Si tu me lis Nicolas, dis, ce soir tu pourrais chanter Ta colère, extraite de ton nouvel album Le Yéti ?
De quoi vous tenir en haleine, non ?…
Vous me suivez ?