Au deuxième soir du festival de Nogent, le vendredi 11 Mai, Govrache est entré avec sa guitare manouche en bandoulière, sa casquette (de Gavroche évidemment !) vissée sur la tête. La tenue vestimentaire n’est pas vraiment soignée, pas plus que la barbe naissante…Le chic de ses deux accompagnateurs, Antoine Delprat au violon et Adrien Daout à la contrebasse, souligne d’ailleurs par contraste l’image recherchée du chanteur. Le voilà qui sourit et c’est gagné… Enfin, c’est sûr, on a déjà envie de l’écouter ! C’est là la magie du spectacle vivant : ça passe ou ça casse ! Avec David Hebert, ça passe et la première chanson sur le trac de l’artiste finit de convaincre de se laisser prendre. Des applaudissements pour remède à son mal, il en aura !
Au cours de ce concert va défiler une galerie de personnages que l’auteur dessine avec un réel talent de caricaturiste, comme ce comptable vêtu d’un camaïeu de gris « comme un lundi », ce vigile « Terminator de l’escalator », cette Élise à l’église, « pulpeuse bigote », ce vétérinaire, bon bourgeois qui laisse sa mère à l’hospice…
Bien évidemment un gamin d’Paris ne saurait manquer de se faire tendre et David manie tout aussi habilement ce registre, comme lorsqu’il évoque ce cheminot en retraite qui porte toujours son bleu de travail « pour se prouver que le réveil ne sonne pas pour rien » et retrouve un brin de vie avec la naissance d’un petit-fils, ou ce bar de la marine à Perros-Guirec évoqué avec le seul accompagnement de la contrebasse scandant que « le présent est le seul temps qui compte quand on est vieux ». Sans doute l’émotion est-elle tout particulièrement partagée dans un slam qu’il dédie à son amoureuse ou dans cette chanson écrite pour son grand-père hongrois dont le « rire sonnait comme un voyage ». En milieu de concert, Govrache est seul en scène avec sa guitare et c’est à ce moment là qu’il s’attaque à La Mémoire et la Mer de Ferré. Il faut oser ! Hé bien, il n’a pas froid aux yeux non plus lorsqu’il retrouve son humour, sa gouaille, pour dénoncer la petite bourgeoisie de France, ou ceux qui pourraient dire « je perds ma vie à la gagner, je suis tombée en panne d’essentiel…je traverse la vie sans regarder le ciel. » Au fond on pourrait juste retenir de ce concert de Govrache ces mots : « Réveille toi, la vie t’attend ! »
Reconnaissons que s’il est un artiste qui méritait sa place dans ce festival, c’est bien Govrache dont la jeunesse impertinente, la générosité en scène, l’humour assurent une descendance à Bernard Dimey.