Barbara Weldens, Les Oies Blanches (© Eric Baudou /PanoramiX)
28 mai 2019 – Barbara Weldens, Les Oies Blanches
Inauguration de la placette Barbara Weldens, de la sculpture qui lui a été dédiée, hommage du Théâtre de Pierre
(Sortie de l’album enregistré en 2017)
Avec
Barbara Weldens (musiques & textes, voix), Sophie Benoit (accordéon), Élian Besson (basse), Frédéric Lefèvre (guitare), Christophe Seux (batterie)
Fouzilhon (Hérault)
Sûr, il leur en a fallu du courage à Sophie, Elian, Fred et Christophe, les musiciens… A sa famille, son équipe artistique. De l’amour entêté, enfiévré pour que sorte cet album.
Il a fallu deux ans. Deux ans aussi pour que s’érige le patient travail de pierre sur la petite place de son village de l’Hérault.
Il faut laisser du temps au chagrin.
Voici que paraît un album pour redonner vie à cette voix exceptionnelle. Cette voix qui nous subjuguait dès qu’elle apparaissait en scène. Cette voix qui, un jour d’orage, s’est tue dans un éclair fulgurant.
Fulgurance, sans doute est-ce le mot qui parle le mieux de Barbara Weldens.
On ne saurait mieux dire en effet l’énergie qui se dégageait de sa présence. Ecouter ce disque vous transperce, tant elle a mis d’elle dans cet enregistrement. Car cette voix nous revient avec une force singulière, « dans le tumulte de l’urgence » a‑t-elle dit de ce projet. Les mots qu’elle choisit pour en parler nous disent déjà beaucoup : « meute émotive, brûler, sans chichi, la batterie tabasse… » Bref, une voix qui « passe la rampe », crie, appelle… Une musique résolument charnelle, comme elle l’aime : « Je veux qu’elle me déchire…qu’elle me tue… ». Certes la guitare électrique se lamente, gémit, vocifère mais c’est le plus souvent l’accordéon qui dialogue avec elle. Deux femmes donc qui s’interpellent.
Barbara, que l’on voyait entourée de Barbara Hammadi au piano et de Marion Diaques au violon se déchaîne littéralement avec la formation rock des Oies Blanches.
Le visuel propose un être mi- femme mi-oie… Une oie érigée en divinité inca, qui s’arrache à sa condition d’animal stupide et innocent, pour s’emparer des plumes de paon… Toute une symbolique.
Les dix chansons sont autant d’occasions de se laisser emporter par la force tragique du combat d’une femme amoureuse. Elles ne sont que tourment, colère, lutte et proclamation d’une ivresse absolue de vivre. Aimer, c’est s’amarrer à l’autre, le désirer et le maudire. C’est par avance savoir que « l’amour ne dure pas », « il est comme une fulgurance »… La voix est alors au bord de la déchirure (Sauf le chagrin). C’est rester et ne cesser de vouloir partir. Le cri final de Malasort « Arrache-moi les ailes » dit ce combat. La voix parlée – chantée de la première chanson commence sur ce « joli collier » autour du cou, cette « aliénation » consentie…
On retrouve aussi dans cet album son combat de femme « je suis baptisée du féminin barbare qui veut dire étranger »… Alors au fil des chansons, apparaissent des personnages de femmes… La virtuelle Dolly Smith, qui « cherche désespérément à s’incarner »… celle que Barbara incarnait avec sa perruque brune ? La terrible Nikita, « une meurtrière… Je sais qu’elle me tuera »… Barbara pressentait-elle l’imminence de la mort ? La jolie petite blonde de la cour de récréation qui « caracole toute seule » sous l’œil attendri d’un petit garçon qui « ne voudrait que des histoires d’enfants, mais il ne sait pas si ça existe ». C’est bien connu, ce sont les grands qui gâchent tout… Car l’enfance affleure dans le titre, Ton fils, comme un paradis perdu où « nos jeunes cœurs débordaient d’éternité »… Peut-être, au fond, Barbara ne guérissait-elle pas de son enfance. Doit-on la reconnaître dans cet arbre auprès duquel elle était « sereine » ? Quand elle était « de bois », et non « de sang » ? Et de cette souffrance naissaient ses textes qui sont autant de quête d’elle-même : « Je ne sais où s’arrête ma peau /Où commencent mes écailles. »
Cet album est un cadeau qui nous est fait. Il prolonge ce dialogue avec nous tous qui avions été si bouleversés à chacune de ses apparitions en scène.
Il donne à voir cette destinée dans sa beauté rare et sa tragique issue.
Pour l’acheter envoyer un chèque à l’ordre de Ginou Lopez (sa fille) LES OIES BLANCHES 84 bis avenue Raoul bayou 34360 Saint Chinian. 10€ +2 € de frais de port. On peut donner plus, tous les bénéfices sont pour sa fille.