Festival Culture Bar-Bars #19 – La Grande Famille – Nicolas Paugam (©Claude Fèvre)

Fes­ti­val Culture Bar-Bars #19 – La Grande Famille – Nico­las Pau­gam (©Claude Fèvre)

26 novembre 2021, Fes­ti­val Culture Bar-Bars #19

Nico­las Pau­gam en trio

Avec

Nico­las Pau­gam (textes, musiques, gui­tare, har­mo­ni­ca, chant) Yan­nick Bau­drudre (gui­tare, chant) Oli­vier Hes­tin (bat­te­rie)


La Grande Famille bar cultu­rel– Pin­sa­guel (Haute Garonne)

Il est temps, grand temps que nous évo­quions La Grande Famille ce café cultu­rel enga­gé dans la défense du spec­tacle vivant alors même que les épreuves liées au Covid ont mis à mal son pro­jet tout juste naissant.

En rejoi­gnant le col­lec­tif Culture Bar-Bars, il s’associe à ceux et celles qui, der­rière leur direc­teur Denis Tal­lé­dec, affichent clai­re­ment leur opti­misme. « Il y a un réel désir de reprendre pied, dit-il dans le sup­plé­ment des Inro­ckup­tibles consa­cré au fes­ti­val, que la fête se réins­talle, dans la grande tra­di­tion de la culture dio­ny­siaque. » Voi­là que les clubs et donc la musique élec­tro­nique se joignent à ce col­lec­tif où s’expriment toutes les musiques, mais aus­si le théâtre d’improvisation ou le stand-up…

La Grande Famille de Pin­sa­guel est donc aux côtés des bars, cafés, clubs aux noms qui riva­lisent de poé­sie mali­cieuse comme La coopé­ra­tive du zèbre dans le quar­tier de la Croix-Rousse à Lyon, le Poum Poum t‑chak à Nantes aux côtés du Hopop­Pop Café, , Les Vedettes à Metz, le chez Gaud sur la côte nord de la Bre­tagne à Plou­baz­la­nec, le Bada­boum à Paris Bas­tille… à Tou­louse, nous avons entre autres, le Café Ginette, l’Astronef, l’Autruche, Filo­chard, L’Impro, Ôbo­hem, Taquin… au total près de 200 lieux dans une cin­quan­taine de villes de l’Hexagone.

Ce soir chez Cathy et Mau­rice, patrons de La Grande Famille, c’est leur ami Nico­las Pau­gam qui fait halte dans sa tour­née de pro­mo­tion de son der­nier album Padre Padrone où le titre L’homme heu­reux fait déjà figure de tube. Le mot n’est pas exces­sif, comme nous l’avons mesu­ré hier soir en clô­ture du concert où les spec­ta­teurs se sont mis à dan­ser… Oui, que le direc­teur du col­lec­tif le sache, à La Grande Famille, la fête s’est réins­tal­lée ce soir. Il faut dire que le trio gui­tares- bat­te­rie n’a pas fait dans la demi-mesure. Por­té par quelques spec­ta­teurs déci­dés à en découdre, il a lit­té­ra­le­ment lais­sé explo­ser son enthou­siasme à jouer… Un vrai défoulement !

C’était fran­che­ment et sim­ple­ment joyeux. Bon enfant.

La faute à qui ? D’abord à Nico­las Pau­gam, ce modeste, qui affiche une authen­tique géné­ro­si­té, une pré­sence dépouillée de for­fan­te­rie et un incroyable talent de gui­ta­riste. Les deux musi­ciens qui l’accompagnent paraissent avoir été tou­jours à ses côtés – ce qui n’était, parait-il, pas le cas – le sui­vant dans les longues plages ins­tru­men­tales que nous savou­rons et dans des chan­sons aux ins­pi­ra­tions éclectiques.

On dit de lui qu’il dépous­sière la chan­son fran­çaise, la plonge dans l’altérité, dans tout ce qui peut pas­ser à sa por­tée, sans code, ni case. Il peut don­ner envie de dan­ser sur des rythmes de sam­ba bré­si­lienne, puis s’emparant de son har­mo­ni­ca, se faire doux et tendre dans une bal­lade, sou­li­gnant lui-même sa paren­té avec Neil Young, triste, mélan­co­lique aus­si … « Je traî­nais comme un loup aux abords de la ville » ( Les rivières obs­cures de son der­nier album) ou dans ces mots qu’il offre à son ami Mau­rice, seul, sans ses musi­ciens, une chan­son extraite de son album Le Col du Gali­bier,  « J’ai connu une colombe à la bouche vaga­bonde…»… avant que l’envie de se déchaî­ner sur un rock bien sen­ti ne s’empare de lui pour dénon­cer par exemple les ban­quiers… Il aban­donne son cha­peau et les mèches bou­clées de ses che­veux lui tombent alors sur les yeux …

Quelques sil­houettes fémi­nines le hantent au point par­fois de lui faire perdre le nord… « Et moi dans tout cela ? »… Il entrouvre quelques cha­pitres auto­bio­gra­phiques comme ce bout d’enfance dans le com­bi Volks­wa­gen… Et c’est dans une chan­son écrite pour ses enfants, « Qui attaquent les ser­pents de l’Arkansas ?», que le public a com­men­cé à se lever, à dan­ser, chan­ter… Oui, assu­ré­ment, on pour­rait le suivre quand il chante son invi­ta­tion « Viens dans ma val­lée, tu ver­ras loin… » car de sa voix aigue, presque fra­gile, il sait créer ce lien incom­pa­rable avec le public, cette conni­vence que seul le spec­tacle vivant peut nous accor­der…. Ce lien qui nous a tant man­qué ! « Retrou­ver la convi­via­li­té, la musique en live et les éclats de rire » conclut l’article sur le Poum Poum T’chak à Nantes.

C’est exac­te­ment ce que nous avons vécu ce soir à La Grande Famille.