Pic d’Or 2017 – Auditions (© Claude Fèvre)
Avec les candidats 2017 par ordre de passage :
Matin : Ninetta, Fafapunk, Dani Terreur, Corps Météore, Ryadh, Wolzovitch, Maxime Manot’
Après-midi : Tom Bird, L’Arthur, Marjolaine Piémont, 21 juin le duo, Mante, Fred Alera, Martin Luminet, Louis Arlette, Pas vu pas pris, Ouest, Marengaux, Cécile Hhercule, For The Hackers (FTH)
Nous ne sommes pas bien nombreux vers dix heures du matin pour écouter les candidats de cette nouvelle édition… du moins en tant que spectateurs. On avouera pourtant notre plaisir d’être là disposée à plonger vingt fois dans un nouvel univers. Spécificité de cette édition à une exception près : nous ne connaissons pas les candidats ! Et c’est franchement une raison de plus d’être heureuse !
On avouera pourtant que nous avons écouté la compilation qui nous a été remise… Juste une première approche qui d’emblée nous a interpellée. Pour beaucoup, l’orchestration, les arrangements sont d’une grande complexité et nous sommes perplexes… Comment les chansons vont-elles nous être présentées dans ces conditions qui exigent des changements de plateaux et des réglages expéditifs ?
Bref nous y voici dans ce théâtre chargé d’Histoire, un beau théâtre aux fauteuils rouges avec ses dorures, ses peintures… Un véritable écrin !
Les techniciens affairés s’apprêtent à vivre une journée marathon, le jury affiche sa bonne humeur, – on entend fuser des rires – les candidats fraîchement arrivés se demandent bien comment, en une seule chanson ils vont pouvoir parvenir à se distinguer… Les conditions de cette première audition sont plutôt sommaires, l’éclairage ne protège même pas les groupes de cette salle quasiment vide… D’ailleurs on notera qu’ils s’en sortent plutôt bien, certains se présentant vite en deux mots, d’autres ajoutant le titre de leur chanson. Quelques notes d’humour par-ci par-là… Trois minutes plus tard on dit merci, on débranche et hop on quitte la scène… Sauf que certains ont une telle machinerie avec eux – on pense même à un véritable bloc opératoire pour l’un des groupes – que le temps d’installation requis n’est pas franchement raisonnable dans ce défilé de chansons scrupuleusement orchestré. On avoue, il arrive qu’on s’impatiente et l’on se dit qu’il va falloir que la prestation vaille la peine après une telle attente !
Sur les vingt candidats, seuls quatre se présenteront seul avec leur guitare et le piano majestueux qui occupe une grande place, restera étrangement muet pour ces premiers passages ! C’est sans doute là, l’une de spécificités de cette audition. On constate d’abord l’importance accordée à la batterie, aux instruments amplifiés puis à toutes sortes de machines. Les nouvelles technologies ont bel et bien envahi l’univers de la musique pour cette nouvelle génération… Car, notons-le, la sélection présentée a fait place souvent à de très jeunes artistes, à des projets tout frais… Et pour ceux qui s’en inquiéteraient, tous chantent en français !
Voilà pour le contexte ! Mais pour le reste, me direz-vous… ?
Les chansons ?
Elles disent évidemment le monde d’aujourd’hui, on remarque l’importance accordée à la ville, à Paris, à la rue, « La langueur des faubourgs qui s’étirent » chante Ninetta. On s’accordera une remarque sur cette artiste qui pourrait bien être emblématique de cette édition : elle s’accompagne au clavecin – ce qui est rare, vous l’avouerez ! – et y ajoute, elle aussi, ses petites machineries, voix et sons enregistrés.
Elles disent aussi une forme quasi constante de mal de vivre, la sensation d’être au bord du vide, ou d’avancer à reculons, d’être prisonnier d’injonctions comme Fafapunk répétant : « On m’a dit de faire »… Alors on rêve d’ailleurs, de grands espaces comme Marengaux.
Mais bien entendu les chansons ici comme ailleurs, maintenant comme hier, tournent autour du sentiment amoureux. On remarque le texte de la chanson de Tom Bird, Le Roi et son jeu de dames, celui de Martin Luminet, et son Je t’aime moi non plus, « Partez, il est encore temps de m’oublier », on sourit de 21 juin et de son duo /duel « Peau de vache et vieilles peaux ». Mais surtout on aime – beaucoup ! – le traitement qu’accordent les filles d’aujourd’hui aux relations homme/femme, comme la facétieuse Marjolaine Piémont, perchée sur ses superbes talons couleur turquoise, et son exclamation « C’est beau un homme à poil(s) » ou bien Cécile Hercule qui se rit de ses penchants à devenir, si elle le veut, Maryline, la Comtesse de Ségur ou Arletty… On terminera en s’interrogeant sur la blonde chanteuse du groupe Mante, dans sa tenue blanche, très dénudée – façon Milla Jovovich, extraterrestre du Cinquième Élément de Luc Besson – avec son hirondelle en vol tatouée sur le bras gauche. On entend répéter le prénom Océane mais, hélas, on ne perçoit pas grand-chose d’autre du texte de la chanson… Attendons la suite… Peut-être finirons-nous par connaître mieux ce personnage féminin que la jeune femme porte, emporte avec l’énergie d’une vraie rockeuse… On aimerait bien…
Jury 2017
Arnold Turboust – Marie Aumoine (festival Chantons sous les pins) – Patrice Demailly (journaliste, Libération, RFI) – Olivier Bas (directeur de la création au Studio des Variétés, membre du CA de Voix du Sud à Astaffort, de l’équipe des Chantiers des Francofolies de La Rochelle) – Thierry Lecamp (radios RMC, Nostalgie et Europe 1, documentariste, management d’artistes…) – Caroline Guaine (Mégaphone Tour) – Alain Navarro (directeur artistique de Pause Guitare) – Dominique Janin (scène « Talents » du festival Grain de Sel de Castelsarrasin) – François Alquier (télévisions, radios, écriture… Blog Chroniques de Mandor) – Stéphanie Berrebi (Magazine FrancoFans) – Jean-Marc Vaudagne (Académie Charles Cros)